Depuis plusieurs mois, des informations circulent sur une possible pénurie de fertilisants au Burundi. Des agriculteurs de plusieurs provinces signalent des difficultés d’approvisionnement, suscitant des interrogations sur l’état réel de la situation. Burundi Facts a vérifié les faits.
Les chiffres du ministère de l’Agriculture confirment une hausse constante de la demande en fertilisants. En 2023, l’ancien ministre Sanctus Niragira déclarait que les besoins agricoles augmentaient chaque saison. Les importations d’engrais sont passées de 27 300 tonnes en 2015 à 140 000 tonnes en 2023, et la demande pour 2025 est estimée à 61 010,675 tonnes, soit une augmentation de 13 500 tonnes depuis 2023. Une hausse de la demande ne signifie toutefois pas une pénurie, sauf si l’offre ne suit pas.
Une offre sous pression
L’usine FOMI, principal fournisseur de fertilisants au Burundi, rencontre plusieurs difficultés : manque de devises pour l’importation de matières premières, coupures d’électricité affectant la production et pénurie de carburant compliquant le transport. Ces informations sont confirmées par des sources officielles. Il ne s’agit donc pas d’une pénurie totale, mais d’un problème d’approvisionnement et de distribution.
Des retards de distribution signalés
Dans plusieurs provinces (Ruyigi, Gitega, Makamba, Mwaro, Bujumbura), des agriculteurs rapportent des retards après avoir payé une avance pour des fertilisants. Lors d’une session parlementaire le 2 mars 2025, des députés ont interpellé le ministre de l’Agriculture sur cette question. Ces retards sont réels, mais reflètent une mauvaise gestion des stocks plutôt qu’une pénurie nationale.
Une nouvelle usine en attente
L’usine Blending Fertilizer S.A, annoncée comme une alternative, est en phase finale de construction. En juillet 2024, le ministre de l’Agriculture a indiqué que les travaux étaient achevés à 95 %, avec une capacité prévue de 170 000 tonnes par an, soit plus que FOMI. Toutefois, elle n’a pas encore commencé sa production, et bien que son ouverture soit annoncée pour septembre 2024, son impact reste à évaluer.
Problèmes de transparence
L’OLUCOME dénonce des conflits d’intérêts dans l’attribution des marchés liés aux fertilisants, certains responsables étant à la fois investisseurs et commerçants. Une meilleure transparence est recommandée pour garantir un accès équitable aux engrais et éviter d’aggraver la crise d’approvisionnement.
Verdict final : Pénurie ou difficultés d’approvisionnement ?
Le Burundi ne connaît pas une pénurie totale, mais fait face à des difficultés d’approvisionnement causées par des contraintes économiques, logistiques et de gouvernance. Les engrais existent, mais leur distribution est perturbée. Des ruptures locales sont avérées, mais la future usine Blending Fertilizer S.A pourrait améliorer la situation si elle tient ses engagements. La gestion des fertilisants reste un enjeu crucial, et la transparence du secteur sera déterminante pour éviter une aggravation de la crise.