Contrairement aux affirmations du vice-Premier ministre belge Maxime Prévot lors de son passage à Bujumbura en avril 2025, les relations entre le Burundi et le Rwanda restent tendues. La fermeture des frontières et les accusations mutuelles illustrent la persistance d’une grave crise diplomatique.
En visite officielle en Ouganda, au Burundi et en République démocratique du Congo (RDC) du 25 au 29 avril 2025, Maxime Prévot, vice-Premier ministre et ministre des Affaires étrangères, des Affaires européennes et de la Coopération au développement du Royaume de Belgique, a affirmé que le Burundi et le Rwanda entretiennent actuellement une relation « positive et cordiale ».
« Nous savons que le Burundi et le Rwanda entretiennent une relation, en ce moment-ci en tout cas, positive, cordiale, et je pense que c’est une opportunité alors de donner l’écho aux initiatives qui sont prises tant par le Qatar que par les États-Unis pour pouvoir jouer sa partition », a déclaré Maxime Prévot à Bujumbura.
Une déclaration en contradiction avec la réalité sur le terrain.
Depuis le 11 janvier 2024, les frontières entre le Burundi et le Rwanda sont fermées. Gitega accuse Kigali de soutenir le groupe rebelle burundais Résistance pour un État de droit au Burundi (RED-Tabara), opérant depuis la RDC.
À ce sujet, Martin Niteretse, ministre burundais de l’Intérieur et de la Sécurité publique, déclarait à la presse :
« Après avoir constaté que nous avions un mauvais voisin, Paul Kagame, nous avons arrêté toute relation avec lui jusqu’à ce qu’il revienne à de meilleurs sentiments. »
Face à cette fermeture, le Rwanda avait exprimé ses regrets, soulignant que cette décision risquait de restreindre la libre circulation des personnes et des biens et de violer les principes de coopération régionale prônés par la Communauté d’Afrique de l’Est.
Pour rappel, après une première fermeture en 2015, la frontière entre les deux pays avait été rouverte en 2022.
Des tensions toujours vives
Les tensions entre le Burundi et le Rwanda se sont encore illustrées le 25 mars 2025. Dans une interview à la BBC, le président burundais Évariste Ndayishimiye a de nouveau accusé le Rwanda de vouloir attaquer le Burundi.
« Il y a eu des accords, mais quand il a fallu les mettre en pratique, le Rwanda a refusé et préparé des criminels pour faire le terrorisme au Burundi. J’ai fermé les frontières pour pouvoir les surveiller parce que j’ai vu qu’il ne voulait pas mettre en pratique la convention », a-t-il déclaré.
Le chef de l’État burundais a également reproché au Rwanda son rôle présumé dans le coup d’État manqué de 2015 :
« Les auteurs du coup d’État de 2015 ont été organisés par le Rwanda, puis ils se sont enfuis. Le Rwanda les a organisés – il est allé recruter les jeunes dans le camp de Mahama. Il les a entraînés, leur a donné des armes, les a financés. Ils vivent dans la main du Rwanda. Si le Rwanda accepte de les livrer et de les traduire en justice, le problème sera réglé. »
Kigali a réagi par la voix de son ministre des Affaires étrangères, Olivier Nduhungirehe, dénonçant des propos « malencontreux » :
« La déclaration du président Ndayishimiye est malencontreuse, surtout que les autorités militaires et des renseignements des deux pays sont actuellement en discussion, et sont même tombées d’accord sur le besoin d’une désescalade militaire et verbale. »
Des gestes timides, mais pas de normalisation
Malgré certaines rencontres entre hauts responsables militaires et sécuritaires burundais et rwandais, les signes concrets de désescalade restent absents.
La situation est d’autant plus complexe que plus de 10 000 soldats burundais de la Force de défense nationale du Burundi (FDNB) ont été déployés en RDC, notamment pour combattre le groupe armé M23, soutenu par le Rwanda selon plusieurs rapports onusiens.
Conclusion :
La déclaration de Maxime Prévot ne correspond pas à la situation actuelle entre le Burundi et le Rwanda. Les faits montrent que les relations bilatérales restent marquées par une profonde méfiance, des accusations réciproques et des tensions frontalières persistantes.
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Photo : Le président burundais Évariste Ndayishimiye accueille Maxime Prévot, vice-Premier ministre et ministre des Affaires étrangères belge, lors de sa visite officielle à Bujumbura