Alors que la campagne électorale pour les élections générales de 2025 bat son plein, les discours officiels prônent la paix, la tolérance et le respect des règles démocratiques. Pourtant, plusieurs incidents signalés sur le terrain soulèvent des doutes sur la cohérence entre ces déclarations et les faits. Qu’en est-il vraiment ? Burundi Facts fait le point.
Ce qu’a dit le président
Le 9 mai 2025, lors du lancement officiel de la campagne à Gitega, le président Evariste Ndayishimiye a lancé un appel solennel au calme, à la liberté d’expression et au respect scrupuleux des règles électorales. Il a exhorté les autorités administratives à permettre à tous les partis de mener librement leurs campagnes, tout en appelant les forces de l’ordre à une vigilance accrue pour préserver un climat serein. Il a aussi prévenu que toute perturbation serait sévèrement sanctionnée : « Toute personne qui perturbera ou tentera de nuire au bon déroulement de la campagne sera punie conformément à la loi. »
Quelques jours plus tard, le 17 mai à Makamba, le secrétaire général du CNDD-FDD, Révérien Ndikuriyo, a également insisté sur la tolérance politique et le respect des règles du jeu.
Mais ces appels à la paix et à la justice électorale trouvent-ils un écho fidèle dans les réalités vécues sur le terrain ?
Ce que révèlent les faits
Malgré les déclarations officielles, plusieurs partis de l’opposition rapportent des incidents inquiétants, qui jettent le doute sur la sincérité des engagements du pouvoir.
La Coalition Burundi Bwa Bose, regroupant plusieurs partis d’opposition, affirme que certains de ses candidats se sont vu refuser leur carte d’électeur bien qu’ils soient inscrits, les empêchant de se présenter aux législatives. En parallèle, des militants auraient été maltraités dans les provinces de Butanyera et Burunga, selon des témoignages recueillis par la coalition. Ces faits suggèrent une mise à l’écart de certains acteurs politiques, en contradiction avec les principes de libre participation électorale.
De son côté, le parti CNL a dénoncé plusieurs actes de violence à l’encontre de ses membres. Des militants auraient été frappés, intimidés et même emprisonnés. Un événement marquant s’est produit le 17 mai : certains d’entre eux ont vu leurs vêtements arrachés, un geste perçu comme une humiliation publique. Pour le parti, ces violences reflètent une intolérance politique persistante et renforcent un climat de peur parmi les opposants.
Enfin, le parti CDP dirigé par Anicet Niyonkuru a accusé les autorités locales d’avoir entravé sa campagne. Le 17 mai, sa délégation, partie de Bujumbura en direction de Mpinga-Kayove (province de Rutana), a été bloquée à Musongati par l’administration communale. La raison invoquée ? Le parti n’aurait pas demandé l’autorisation nécessaire. Pourtant, selon le CDP, cette exigence n’est pas appliquée de manière équitable à tous les partis.
Une réalité qui interroge
L’écart entre les discours présidentiels et les faits signalés sur le terrain met en lumière des contradictions préoccupantes. Les appels à la paix et à l’équité sont-ils sincèrement mis en œuvre, ou servent-ils surtout à projeter une image de démocratie apaisée à l’international ?
Si les allégations d’intimidation, de violence et d’obstruction administrative sont avérées, cela soulèverait des inquiétudes majeures sur l’intégrité du processus électoral. À l’heure où la crédibilité des élections repose sur la liberté de participation de tous les acteurs politiques, ces signaux d’alerte ne peuvent être ignorés.
Verdict provisoire : Le contraste est marqué
À ce stade, le contraste entre les intentions affichées par les autorités et les pratiques dénoncées sur le terrain est significatif. Plusieurs incidents documentés ou rapportés semblent incompatibles avec l’idée d’un processus électoral libre, inclusif et transparent. Le suivi rigoureux de ces cas, leur vérification indépendante et une réponse judiciaire impartiale seront essentiels pour restaurer la confiance dans les institutions électorales.
Burundi Facts poursuivra ses investigations pour établir les faits de manière vérifiable et contribuer à un débat citoyen éclairé.
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Photo : Patrick Nkurunziza, président de la coalition Burundi Bwa Bose