Un article publié sur Iwacu sous la plume de B. Claude Ntahuga, intitulé « Éviter la guerre entre le Burundi et le Rwanda : un appel à la raison », met en avant le risque d’un conflit armé entre les deux pays. Cependant, après vérification, rien ne prouve que le Rwanda ait exprimé une intention d’entrer en guerre contre le Burundi.
Depuis plusieurs années, les relations entre le Burundi et le Rwanda sont marquées par des tensions, notamment sur les questions de sécurité et de soutien présumé à des groupes armés opérant en République démocratique du Congo (RDC). Toutefois, à aucun moment, Kigali n’a officiellement menacé de recourir à la force contre Bujumbura.
Les échanges diplomatiques et les accusations réciproques entre les deux États se concentrent essentiellement sur les conflits en RDC, en particulier autour du M23, un groupe rebelle accusé d’être soutenu par le Rwanda. Ces tensions, bien réelles, n’impliquent pas une menace militaire directe du Rwanda envers le Burundi.
Une rhétorique belliqueuse côté burundais
Paradoxalement, si une montée en tension verbale existe, elle provient principalement des autorités burundaises. Le président Évariste Ndayishimiye a récemment tenu un discours appelant la jeunesse et la population à se mobiliser en prévision d’un éventuel conflit avec le Rwanda. Ce climat s’est traduit par des arrestations massives de Rwandais et de Banyamulenge congolais à Bujumbura, ce qui alimente la méfiance et la crispation régionale.
Cette posture belliciste repose sur une perception de menace plutôt qu’une menace avérée. Ce type de discours, surtout lorsqu’il émane des plus hautes autorités d’un pays, peut servir d’outil politique pour justifier des mesures sécuritaires internes ou détourner l’attention de crises locales.
Un appel à la paix basé sur une fausse alerte
L’article de B. Claude Ntahuga se veut un plaidoyer pour la paix et la prudence. Cependant, en l’absence de preuves d’une menace rwandaise, cette mise en garde semble alimenter un climat de peur infondé. Plutôt que d’éviter la guerre, un tel discours pourrait au contraire renforcer les tensions et justifier des actions hostiles sous couvert de précaution.
Conclusion : la nécessité d’un débat fondé sur des faits
La situation régionale est complexe et nécessite des analyses nuancées. Si l’appel au dialogue et à la raison est pertinent, il doit s’appuyer sur des faits avérés, et non sur des suppositions alarmistes. En l’état actuel, il n’existe aucune preuve que le Rwanda ait menacé de faire la guerre au Burundi.
La responsabilité des intellectuels et des médias est donc d’éviter de propager des narratifs anxiogènes sans fondement, qui risquent de nourrir une hostilité inutile et de compliquer toute résolution pacifique des différends entre les deux pays.